rencontre inattendue

Juste après avoir pris son déjeuner, Kiro s'était remis devant ses écrans et avait repris sa recherche. Ce n'est pas comme s'il pouvait se payer le luxe de faire des recherches persos quasi en vain. Mais dans l'esprit de se faire oublier, son activité avait baissé.
Mais ça n'avançait pas. Toujours pas.

- Encore devant tes écrans ....
- Oui.
- Tu sais que tu ne le trouveras pas ... Arrête maintenant.

Kiro ne put que lancer un regard revanchard à sa soeur. Ca partait d'une bonne intention, mais s'il ne faisait pas ces recherches il y pensait et devenait dingue.

- Miyo est mort.
- J'ai dit que j'arrêtais de répondre à tes piques mesquines.
- Il s'est fait avoir. Essaie d'être plus intelligent que lui et de ne pas finir dans le même état...

Ces mots venaient de lui percer le cœur. Mais il lui pardonnait. Elle ne savait pas ...

- .... aussi oublié qu'un pauvre dans une poubelle. Personne ne se rappelle de lui.
- Si. Toi et moi déjà. Et d'autres ne l'oublieront pas.
- Je t'en prie, c'est ...
- rah arrête !

Kiro se leva d'un coup de sa chaise. Il la regarda un instant puis partit vers son dressing pour prendre une veste, un bon gros manteau.

- Où vas-tu ?
- Vers l'Est.
- Ne te fais pas remarquer, s'il te plaît , tu n'es pas censé être sur Enya en ce moment.
- Merci de me le rappeler.

Il claqua la porte et descendit vers le garage. En passant il emprunta une casquette type militaire à un des gardiens du Dark Side Palace. De quoi passer inaperçu. Habillé comme ça on aurait dit un simple homme de main. Il débarqua dans le garage, prit les clés d'une voiture quelconque et monta dedans, vérifiant auparavant si elle était suffisamment approvisionnée pour lui permettre d'aller où bon lui semblerait.

Ce ''où'' semblait être déjà déterminé : la forêt.

* * *

Une fois arrivé, Kiro s'engouffra dans la forêt sans hésiter. Mais son coeur s'alourdissait au fur et à mesure que ses pas le menaient dans des sentiers qu'il connaissait. Et pour cause la dernière fois qu'il était venu ici, c'était pour voir Miyo alors qu'il se cachait. A ce moment il savait que la situation était sur le fil du rasoir, et que n'importe quoi, même un détail, surtout un détail, pouvait faire tout basculer dans le gouffre et l'horreur. Mais il n'avait jamais imaginé que les choses allaient tourner ainsi. Ce n'est pas qu'il ignorait la mort comme une possibilité. C'est qu'à ce moment, il l'avait oublié, effacé du champs des possibles qui s'étendait alors devant eux.

- Des fois je me demande comment on a pu en arriver là....

Il posa ses yeux autour de lui.

- ..... Et là je me demande comment JE suis arrivé ici...

Il ne reconnaissait pas ce qu'il y avait autour de lui. Dans une forêt c'est un peu normal, mais il avait cru suivre la route habituelle.

*et merde*

Il chercha des yeux le chemin qui lui semblait le plus sûr et il tomba sur une petite colline. Il y grimpa. Peut-être que de là-haut il pourrait se repérer.

- Fenrir !!!! Où-est-ce que tu vas ??? Tu m'emmènes ??

L'enfant-loup commençait déjà à courir, à la manière des siens, avec le sourire d'un gamin qui, heureux, court pour aller s'amuser dans un nouveau parc d'attraction. A ses cotés, son frère canidé s'élançait déjà afin de l'accompagner.

- Non, pas cette fois Romulus ! Tu es encore trop inexpérimenté pour t'aventurer prés des sentiers ! Tu pourrais tomber sur l'un d'entre eux et Maman ne me le pardonnerait jamais. Je serai de retour avant l'aube !

Fenrir s'éloignait vers les sentiers pour ensuite grimper à toute vitesse dans un arbre, continuant son chemin dans les airs, sautant de branche en branche.

- C'est pas juste !!! Tu ne m'emmènes jamais avec toi !

L'humain s'arrêta, et dans une dernière cabriole, descendit de l'arbre, d'un bond, pour retomber avec souplesse, sur ces quatre membres. Le jeune loup stoppa immédiatement sa course pour ne pas le percuter.

- Ne dis pas de bêtises, petit frère. Je t'ai plusieurs fois emmené, mais la dernière fois, Maman nous a surpris. Tu te souviens du savon qu'elle nous a passé ? Sans compter que des chasseurs trainaient dans les parages. Si elle n'était pas arrivée à temps pour nous prévenir, on aurait été capturé...ou pire.

Fenrir fit une petite moue, ce souvenir lui glaçait le sang. Ces humains étaient vraiment étranges. Ils avaient les cheveux blonds, et dégageaient une aura inquiétante. Ils n'avaient rien dans leurs mains. Pas de bâton, ni de rocher, encore moins ces choses étranges faisant un bruit comme le tonnerre lorsqu'il s'abat sur la terre... Non, ces humains respiraient le danger, et ce de façon naturelle. Le jeune adolescent s'était promis de ne plus entrainer son cadet si loin de leur demeure. Mais en revanche il avait été bien plus intrigué par ces êtres aux cheveux clairs, de cette couleur si insolente qu'elle lui rappelait cette forte lumière qui lui donnait la migraine...
Romulus baissa la tête et s'approcha de lui, frottant son museau contre son oreille. Il poussa un petit gémissement. Fenrir, avec un petit sourire fit de même.

- Mais oui, t'inquiète...je serai prudent, comme d'habitude. ^^

L'animal fit volte face pour retourner auprès des siens alors que le jeune garçon au teint terreux effaça son sourire pour mieux tendre l'oreille. Il respira l'air, puis la terre. Remontant avec hâte dans l'arbre, il suivit le sentier, et notamment ces drôles de traces de pas dans la terre, peu fréquentée. Quinze minutes plus tard, la Haute Clairière aux Mille Yeux s'offrirait à lui. Il en avait fait son sanctuaire. De là il pouvait voir les illuminations lointaines du monde des humains. En levant la tête, il pouvait aisément distinguer plus belles illuminations, notamment lorsque les nuages fuyaient cette voute céleste. Le reste, ce n'était que la vue de la cime des arbres de toutes les espèces existantes dans les environs.
Il s'arrêta pour respirer à nouveau ce parfum sucré qui l'attirait, et tendit l'oreille. Il en était absolument certain, un humain était là. Dans son domaine, son territoire. Il ressentait de l'appréhension mêlée à de l'excitation. Ses sens n'étaient pas en alerte. Pas pour le moment.
Il reprit donc sa route, ou plutôt, sa course. Malheureusement, une branche se déroba sur sa route. Il était tellement pressé à l'idée de voir quelque chose hors de son train-train habituel, qu'il en avait oublié d'observer l'état des branches sur lesquelles il bondissait. Sa chute ne fut pas bien haute, mais pleine de petits obstacles. Quelques branches rebelles lui griffèrent ses petits bras juvéniles pourtant solides. Des égratignures supplémentaires.
Fenrir lécha les petites plaies saignantes qu'il pouvait atteindre. Mais habitué à ce genre de bobos, il ne s'attarda pas plus et repris sa course. Au sol cette fois. Les traces de pas, très fraîches et odorantes, menèrent comme convenu à sa colline. Il allait grimper, mais arrêta sa course net. Il se cacha à l'ombre d'un arbre, observant à la lumière de la lune cette chevelure de feu qui lui était familière. Il pencha la tête d'un coté, puis de l'autre.
Cet humain était bien plus fascinant que tous ceux qu'il avait déjà aperçus. Tous hormis un.

Parce qu'il avait déjà vu un autre humain comme celui-là. Les cheveux plus clairs encore.

Il avait grimpé la pente, sans se presser non plus. Il n'était pas inquiet de la situation, la forêt avait beau être grande elle avait une fin. Si jamais de l'inquiétude lui était venue cela aurait été pour quelqu'un d'autre. Malheureusement il n'avait plus personne pour qui il pouvait s'inquiéter de la sorte. S'inquiéter au point de ne pas faire confiance à la personne pour s'en sortir elle-même. Du fait de mal la connaître, ou au contraire trop bien.

- Raaaah arrête.

Il s'attendait à une simple vue d'ensemble, qui allait lui montrer la sortie la plus proche. Ou même la sortie qu'il fallait rejoindre pour trouver la voiture et rentrer. Ou aller ailleurs ça dépend.
Mais il n'était pas encore arrivé en haut qu'il s'arrêta net. La vue qu'offrait cette colline était plutôt émouvante; Il ne pensait avoir été aussi haut. Est-ce qu'il avait progressivement migré vers une partie de la forêt qui était plus en hauteur ? Il ne lui avait pas semblé avoir grimpé tant que ça....

Il pouvait voir la ville, de loin certes, mais c'était .... pas beau, le mot n'était pas approprié puisqu'on voyait les pics métalliques des immeubles se détacher sur le ciel noirci de pollution. Mais cela avait quelque chose de fascinant. Un peu comme quand on regarde le ciel et qu'on perd son regard dans les étoiles.

- Est-ce que c'est pour ça que tu avais choisi la forêt .... Est-ce que c'est parce que tu connaissais des endroits pareils que tu gardais une haine contre ton propre peuple ....

Kiro pensa bientôt que Miyo DEVAIT connaître cet endroit. Et que cela soit vrai ou non ne changeait rien. Parce que Kiro avait besoin de mettre un sens derrière ces tonnes d'émotions qui déboulaient dans son être sans ordre ni prévention. Et bien souvent, Miyo en était la source.

Il resta là un bon moment, étant arrivé tout en haut il s'était posé là, et avait regardé le soleil se coucher, les lumières apparaître. Entre temps, ses paupières s'alourdissaient, et il se sentait engourdi dans une sorte de froid comateux. Il avait beau avoir son manteau il avait froid. Et pour un dansalien dont le pouvoir principal était la manipulation de la glace, cela prenait une profondeur autre.

Il ne sentit pas la présence derrière lui, son esprit enfermé dans des souvenirs tous plus douloureux les uns que les autres.

Pendant un long moment, il resta là, à l'observer dans l'ombre. Il observa chacun de ses mouvements...ou presque. Car cela faisait une bonne heure qu'il l'observait, et l'humain n'avait quasiment pas bougé.
Ses muscles s'engourdissant, et sa curiosité ayant des limites, Fenrir tenta quelques pas, silencieux. Discrétion et attention, il prenait la position du prédateur approchant une proie, sauf que ses intentions n'étaient pas telles.
Le jeune garçon sauvage voulait mieux le voir. Son instinct lui assurait qu'il ne craignait rien, ou alors, pas grand chose.
A quatre pattes, il continuait sa progression jusqu'à se retrouver à une vingtaine de mètres du Lytrath. Il ne devait pas s'approcher plus.
Il était derrière lui, et observait cette chevelure doré, presque scintillante. Elle flottait par moment, lorsqu'un vent frais surplombait la colline.

Fenrir pris sa position assise, mi-humaine, mi-animale. Il était assis en tailleur, les mains devant les pieds, et le dos droit. Il resta ainsi un long moment. Il leva la tête. Les Mille Yeux l'observaient comme à l'accoutumée. L'enfant-loup les regarda une à une, passant de l'une à l'autre an fonction de leur luminescence. Plus loin, il vit de nombreux nuages approcher. Peut-être les flots du ciel allaient se déverser sur eux, peut-être ne serait-ce qu'un brouillard...
Un rapace nocturne fit une envolée par desus la colline avec un petit cri. Fenrir abaissa légèrement la tête. Il s'agissait juste d'un salut de courtoisie, cependant le volatile fit un cercle au dessus de l'humain pour s'éloigner vers l'adolescent. Ce dernier secoua la tête en émettant un très léger raclement de gorge. L'animal comprit et s'éloigna vers le coeur de la forêt, la survolant.

Alors oui, Fenrir aimait prendre des risques. Et malgré l'inquiétude que peuvent lui inspirer les humains, il ne peut s'empêcher de tenter sa chance lorsqu'un seul d'entre-eux se hasarde sur son territoire. Ici, loin de chez eux, au sein de la faune sauvage, que pouvait faire un Homme seul ?

Une brise fraîche passa au travers de ses cheveux sales, pour ensuite atteindre l'inconnu, balayant les siens. Le blond jusqu'alors immobile, remua enfin...

Il faisait maintenant nuit. Et plutôt frisquet, malgré le manteau et la casquette. Aucune idée du temps qui s'était écoulé depuis qu'il avait laissé sa voiture derrière lui, à l'orée de la forêt. Et évidemment, dans sa hâte, il avait laissé dans la boîte à gants tout appareil électronique susceptible de le lier à la vie urbaine. Seul en plein milieu d'une forêt, et le ventre vide. Mais pour l'instant ce détail ne semblait pas être d'une priorité importante.

S'il avait froid, il pouvait faire un feu. S'il était en danger, il pouvait se défendre avec assurance. En réalité, il n'avait pas très envie de repartir.

Il sortit de ses pensées quand une odeur bizarre lui vint aux narines, une odeur forte qui n'était pas celle de végétal. Il se retourna vivement pour voir de quoi provenait cette odeur. Non pas qu'il ait reconnu quoi que ce soit, mais une odeur qui survient d'un coup comme ça, c'est que quelque chose vient de se passer, ou que quelqu'un vient d'arriver. Et là, en l'occurrence, Kiro ne sait pas s'il aurait préféré que ça soit une bête affamée. Il s'était retrouvé devant un être qui avait tout d'un être humain mais qui prenait une position d'animal. Kiro avait vaguement entendu des enfants sauvages lorsqu'il était jeune, dans un cours de philosophie. Mais là tout de suite, il n'y a pas une seule connaissance pratique qu'il pouvait mobiliser pour savoir quoi faire.
Alors il se fia à ses yeux. L'être avait la taille d'un enfant, par rapport à lui et une tignasse qui ne donnait pas très envie de passer la main dedans. Mais il n'y avait aucun doute possible quand à sa race. En temps normal des milliers de questions se seraient imposées à son cerveau, telles comment a-t-il pu survivre, parle-t-il... mais là, la seule chose dont il se préoccupait, c'était de savoir s'il était en danger ou non. Il était face à une situation inconnue.

Il ne savait même pas si cet être était un humain ou un lytrath. Ou autre chose. Il se tenait là, en tailleur, à l'observer. Kiro ne fit aucun mouvement pendant une petite minute. Puis voyant que l'autre n'avait pas l'air de vouloir l'attaquer, il relâcha la pression, sans pour autant baisser sa garde. Maintenant les questions l'assaillaient. Mais qu'est-ce qu'un être humain fait là aussi sale, aussi animal et ... et aussi éloigné de la civilisation. Il essaya d'observer ses cheveux pour voir s'il appartenait à quelconque race, mais il doutait de pouvoir arrêter un jugement tellement la saleté pouvait tromper sa perception. Est-ce qu'il savait parler au moins ?

- Tu sais parler ?

Le tutoiement vint naturellement. Quoi que fut cette créature, elle était plus jeune qu'elle. Sans même attendre la réponse il reposa une question :

- Quel est ton nom ?

Kiro s'aventura à ponctuer sa question d'un pas vers ce qui pour lui était un gamin.

L'Homme se tourna vers Fenrir qui serra légèrement le sol de ses mains. Il baissa la tête, sans quitter les yeux de l'inconnu des siens. Le grand avait effectué un pas vers lui. Le brun avait une pointe d'appréhension mais son audace et son courage le poussèrent à rester en place. Il n'avait pas compris le sens des sons qu'avait émis son vis à vis. Mais il était de même nature que ceux de "l'autre"....

Finalement, Fenrir se redressa sur ses "pattes" faisant à son tour un pas en avant, pour s'assoir de nouveau. Il pencha la tête sur la droite, poussant un gémissement et d'un seul coup.....se mit à bailler. Sa course, sa chute, l'avait épuisé et ses membres réclamaient le repos. Mais Fenrir était bien trop excité à l'idée de faire une nouvelle rencontre qu'il ne pouvait succomber aux besoins de son corps. Il poussa un autre petit gémissement, sans même ouvrir la bouche. Il voulait communiquer, mais il était dans l'incapacité de parler.
Il songea brièvement à Romulus. Et s'il l'avait autorisé à l'acompagner, comment aurait-il pris tout cela ? Il l'aurait attaqué, où du moins, aurait manifesté son inquiétude en sortant les crocs... Il avait bien fait de le convaincre de ne pas l'accompagner. Et leur mère alors ? Elle n'était pas la génitrice de Romulus, mais elle les avait tous les deux élevés comme s'ils étaient les siens. Aujourd'hui, elle était en fin de vie et se déplaçait à peine. De la meute, une successeur allait bientôt être désigné et tout semblait croire que Fenrir serait celui-là. Et ça lui déplaisait assez. Il fallait qu'il se rapproche de ces êtres qui lui ressemblait tant. Le couple "alpha" de la meute devaient être de véritables loups, et ce pour assurer la descendance du clan. Fenrir ne pouvait être le chef. Car il savait qu'il ne pourrait procréer.

C'était ainsi, et il fallait qu'il commence à prendre son indépendance.

Évidemment, pas de réponse. Il semblait qu'il ne parlait pas. Ca n'allait pas faciliter la chose. Car si cet être ne semblait pas lui vouloir de mal, il était clair qu'il ou elle voulait quelque chose ( comment déterminer si quelqu'un est un homme ou une femme si on ne peut même pas déterminer s'il appartient à la race humaine ou lytrath u_u ? ). Cependant, Kiro était volontiers enclin à le catégoriser comme être de sexe masculin.
Peut-être qu'il avait faim ?

Un bâillement ostentatoire vint contredire son hypothèse. Mais ça ne lui disait pas ce qu'il voulait. A ce moment, ''il'' se leva et fit un pas vers lui avant de reprendre sa posture. ca c'était une action significative : d'une il lui voulait vraiment quelque chose et de deux il voulait communiquer. C'était peut-être alors plus que des besoins physiologiques.

Mais sans réelle communication, ça n'allait pas être de la tarte. Kiro eu alors une idée. Il refit un pas en avant et s'assit pareil que sa nouvelle connaissance. Enfin presque il n'était pas aussi souple. Puis il enleva la casquette et passa une main dans ses cheveux, les montrant à celui qui lui faisait face.

Voyons la réaction.

Fenrir se redressa et tira son pied en arrière, prêt à reculer lorsque l'Homme bougea pour...s’assoir ? Mais pas de n'importe quelle façon...C'était semblable à sa propre position initiale. Le jeune homme cligna des yeux, penchant la tête d'un coté puis de l'autre, et reprit la même position. Il le vit se défaire de cette chose qu'il avait sur la tête et le regard de l'adolescent se fit rond. A la lueur de la lune, une vague d'or flottait au vent. Il poussa une sorte de jappement et se redressa pour s'assoir à nouveau et ce, plusieurs fois d'affilée. Finalement il décida de l'imiter et passa à son tour sa main dans les cheveux. C'était certes moins élégant, et d'ailleurs, la main se coinça dans les nœuds en abondance de sa crinière. Petit gémissement, puis il battit en retraite. Il ne pouvait faire pareil.
Il se léchouilla la main, puis une petite plaie légèrement saignante de son avant bras. Il se remit sur quatre pattes et fit des allers-retours, de long en large, sans quitter l'humain des yeux.
Il tenta de s'en approcher, pour reculer à nouveau. Il aboya. Un salut en fait, mais ce n'était sûrement pas évident à deviner pour le blond.
Mais cette chevelure...Elle était si fascinante ! Fenrir dandinait un peu en la regardant, comme pour jouer, puis recommença ses allers-retours.

Plus loin, un bruit. Le tonnerre. Les nuages de tout à l'heure s'étaient accumulés. Un éclair zébra la nuit. Fenrir s'arrêta et regarda dans la direction de la lumière qui avait déchiré le ciel. Il fit quelques pas de recul. L'enfant avait toujours détesté l'orage. La pluie ne le dérangeait pas, bien au contraire. Mais le reste le terrifiait. Il poussa une plainte tandis qu'il tonnait de nouveau.

Le petit sauvage sembla reculer lorsque Kiro osa le mouvement, mais la curiosité qui l'animait avait été visiblement plus forte que la prudence. Après plusieurs mouvements animaux, il s'asseya enfin. Kiro espéra que son petit tour marcherait. Et cela marcha.

C'était rassurant. Il n'était pas totalement animal, il possédait assez d'intelligence pour savoir l'imiter. Au moins il avait trouvé un moyen de communiquer. L'être sauvage imita son geste mais sa chevelure n'était pas aussi fluide que la sienne. Les doigts se coincèrent dans ce qui semblait être des nœuds, voire des super nœuds. Kiro ne put retenir une exclamation. C'était vraiment trop drôle.

L'air changea de consistance. L'orage s'amenait et n'allait pas tarder à sévir. Un éclair éclaira le monde l'espace d'un quart de seconde, suffisant pour voir en détail comment était le garçon, sa musculature, sa posture apeurée, et cette sorte de bandeau pas très net qui relevait ses cheveux. Une trace de la civilisation à laquelle il avait du être arraché. Ou rejeté. Toujours est-il que cela ne sembla pas lui plaire au contraire, il venait de pousser un gémissement. Kiro se leva, contempla un instant le ciel et eut à peine le temps de reprendre sa casquette que la pluie tomba avec force, comme si elle avait une volonté de pénétrer chaque chose de sa froideur.

Kiro marcha d'un bon pas pour descendre au bas de la colline. En temps d'orage ce n'est pas très malin de se réfugier sous un arbre, mais parmi plusieurs dizaines, il serait vraiment malchanceux de se mettre sous celui qui allait se faire foudroyer. Il passa à côté de l'enfant et l'incita à venir. Même si, après réflexion, ce n'était pas vraiment utile. Il devait sûrement mieux savoir que lui comment se protéger de la pluie.

» Rencontre inattendue... [pv night]